Effectivement y a de quoi être révolté. Mais il faut savoir gérer sa révolte mais je ne veux pas paraître prétentieux pour autant, n'ayant pas fait la grande histoire de ce petit Peuple fier. Je suis moi aussi certain que sans le FLJ, le Jura n'existerait pas encore. Le Bélier a repris le relais en s'adaptant à la réalité helvétique. Je préfère cent fois la situation que nous avons ici au Jura que celle de la Corse, du Pays Basque ou encore du Kurdistan. Je peux militer ici pacifiquement sans risquer de finir en tôle ou dans un caisson en bois à six pieds sous terre pour mes idéaux. S'il fallait l'étincelle pour allumer la mêche, il n'était pas possible de
glorifier les membres du FLJ outre mesure. L'oppression suisse et bernoise n'avait pas la même dimension que les cas cités plus haut. Comme toute société, il y a des vérités qui blessent et qu'on essaie de minimiser ou de faire oublier.
Les parvenus se sont vite accaparés les rouages et les pouvoirs du nouvel état et ça ne me plaît pas du tout non plus. Mais vivre trop déconnecté de la réalité est dangereux. Joset n'a pas réussi, je pense et c'est un avis très personnel et sans aucune connaissance pycho-socialo-éducatrice, à faire son deuil de sa gloire éphémère et de passer à la vie au quotidien. Il a développé sa rancoeur face à l'ingratitude manifeste des jurassiens face à son engagement. Son échec face au Peuple qu'il a pourtant grandement aidé dans sa conquête de la liberté aurait dû lui mettre la puce à l'oreille.
La Révolution mange ses enfants disait je ne sais pas qui, et c'est une réalité. Très peu de militants ont finalement
profité de la nouvelle République et certains ont vite compris la différence entre la lutte d'un Peuple et la
gestion d'un Peuple. Les crises entre le Gvt Jurassien et les Mouvements militants sont nées en même temps que la République. Les partisants de la normalisation ont vite pris le dessus et malheureusement, Joset était devenu un boulet. Les deux autres
exilés étaient pratiques, utiles à la cause sans possibilité de perturber la mutation de l'état...
Joset, en restant au Jura a prit le risque d'affronter toute l'ingratitude prévisible des gestionnaires. Si l'on regarde l'attitude de Béguelin, il avait bien analysé les enjeux et n'a jamais voulu entrer dans le gouvernement alors même qu'il aurait été assuré d'y entrer. Il savait que les responsabilités et les enjeux partisans lui auraient imposé des choix impossibles entre fidélité à la cause et fidélité au consensus.
Quant à sa déclaration que Béguelin voulait toute la gloire pour lui, j'y peux rien mais la gloire n'intéressait pas Roalnd, c'était le Jura sa vie et sa passion!
J'ai une admiration de militant pour les membres du FLJ et je trouve lamentable les vexations qu'on fait subir à Joset. Je ne pense pas que j'aurais eu le courage qu'il a eu de s'engager dans cette lutte Jurassienne comme il l'avait fait, mais il faudrait qu'il arrive à se faire une raison, on ne peut changer l'histoire. Ceci a un avantage pour lui, personne ne pourra effacer son nom du combat Jurassien, mais le désavantage c'est que l'ingratitude et l'oubli ont eu le temps de faire leur travail dévastateur.
Pour ce qui est de la
censure du QJ et de RFJ, elle est un élément de cette mutation vers le conformisme voulue par les pouvoirs des partis. C'est aussi peut être pour éviter de donner trop d'importance à cette rancoeur qui a déjà été relevée plusieurs fois dans le Jura dans le passé. La souffrance de Joset n'est pas vraiment agréable à affronter, puisque l'ingratitude des jurassiens en est la cause, mais aussi difficilement défendable. Ce n'est pas parce qu'on a fait des actes héroïques (selon le point de vue évidemment...) que l'on est éternellement admiré. Tout le drame est là.
Par contre, pour les journaux
pro-bernois ou anti-Jurassien (sans vouloir faire de procès d'intention, l'Impartial n'a jamais été très tendre avec les Jurassiens
), eux, apprécient ce genre de témoignages qui donnent une image négative du combat Jurassien.
Je n'ai jamais rencontré Joset, et c'est dommage. Mais à partir du moment où l'on généralise et où l'on voit un complot contre sa personne, on entre un peu dans l'irrationnel.
Pour avoir perdu un ami de lutte dans le nouveau FLJ, je ne me vois pas glorifier les actes terroristes. Je ne vois pas non plus l'intérêt de se focaliser sur ces actes quarante ans après. Oui on peut reconnaître sans autres réserves l'importance majeure des actions du FLJ dans l'histoire Jurassienne, mais aujourd'hui je veux regarder vers l'avenir, vers un nouvel état regroupant les six districts francophones Jurassiens. Et ce combat se mène différement d'il y a 40 ans. Mais je ne renierai pas pour autant l'histoire et chapeau bas à M. Joset pour avoir su faire du
terrorisme doux, sans avoir franchi le Rubicon de l'irréparable, à savoir blesser ou tuer des personnes. Mais son attitude aujourd'hui n'est pas vraiment positive et ne risque pas de lui permettre de retrouver la gratitude d'un Peuple qui lui doit un peu de son âme.
Dommage!